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SPECTACLE

Joséphine cantatrice du peuple des souris

Les fabulations de Joséphine
Joséphine a un immense pouvoir sur le peuple qui l’écoute. Même si, ou peut-être justement parce
qu'apparemment, elle n’a pas de voix.
Dans cette légende du pouvoir, on découvre l’art de Joséphine, cherchant à faire oublier à son auditoire ses préoccupations quotidiennes. Ses performances ne prennent une valeur artistique que lorsqu'elle parvient à distraire son public. Et comme elle l’a très bien compris, elle casse des noix ou dompte des puces, amusant ainsi son public qui, en retour, la consacre telle une grande artiste !

Son intention de chanter est plus forte que le chant lui-même, et c’est par cette intention que Joséphine
capte notre attention, la détourne afin de nous faire croire que les choses les plus anodines sont extraordinaires.
L’art de Joséphine est celui de tromper l’assistance, sans qu’elle ne s’en rende compte. Personne
ne comprend l’art de Joséphine ; mais tout le monde fait semblant de l’aimer, comme elle-même fait
semblant d’être heureuse.
Les aventures de cette dérisoire cantatrice sont faites de fabulations, de rêves d'une grandeur inépuisable. Et si Joséphine est une vraie et grande fabulatrice, elle est aussi une femme névrosée qui recourt à la scène afin de se soigner. Chaque soir, au cabaret, elle existe dans la contemplation extasiée de son public. Alors gare si le public est absent ! Elle trépigne, maudit la terre entière et fait des caprices de fillette.
Joséphine la diva illustre de manière éclatante la vanité de l’art en mettant en scène une imposture. Incapable de chanter ou de danser, sa prestation donne dans le ridicule et le pathétique, elle se construit par simagrées, grimaces effrontées, tics et mines affectées.
Une momerie esthétique, l’art consumé de l’imposteur.

Gloria parodica

Les plis de Joséphine
Les sillons de la terre, les rides du visage, les confins entre les arts, des plis, les uns plus réels que les
autres, mais parfois aussi virtuels.
Kafka est un passeur entre le réel et l’imaginaire, entre l’animal et l’humain. Nous nous appuyons sur son oeuvre - surtout ses nouvelles - pour nous interroger sur cette notion de confins, de limites. Nous puisons dans l'imaginaire kafkaïen pour transformer la réalité ; en jouant avec la voix qui chante et celle qui parle, en voyageant entre la surface de l’art, son sens et sa profondeur.
Paraître et être… et si Kafka venait nous dire que là n'est pas problème, qu’il n’y a que des plis à faire et à défaire ?
Peu à peu, les plis du personnage apparaissent, ceux du narcissisme de l’artiste, son orgueil et son angoisse dans la transaction avec son public entre la parole donnée et la parole reçue. Angoisse qui va jusqu’au chantage de l’artiste envers son public, afin qu’il la reconnaisse ! Quête du nom et de postérité, recherche de renommée lyrique mettent notre pauvre diva en mouvement.
Les fragilités de Joséphine Cette gloria-parodica révèle la vacuité de l’art lorsqu'il
se borne au paraître, lorsqu'il annonce l'extinction progressive de l'être, lorsqu'enfin il devient le
symptôme d'une névrose égotique.
Autoportrait d’une petite star capricieuse attirée par tout ce qui brille, d'une star de foire qui aspire au septième ciel à l’intérieur de son chapiteau de cirque, cette représentation d'un art bling-bling et vain nous montre, tel un balancier, la fragilité et l’insécurité d’un être, d’une femme à la recherche d’une innocence improbable et d’une grâce impossible.

Kafka, l'art et l'animal

Le dernier récit
Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris est peut-être le dernier récit de Franz Kafka. Tuberculeux au dernier degré, ne pouvant pratiquement plus parler ni avaler tant il souffre, l'auteur praguois a écrit Joséphine quelques mois avant de mourir le 3 juin 1924 au sanatorium de Kierling, près de Vienne.
Avec cette histoire de cantatrice des souris, Kafka s'escrime ni plus ni moins à cerner ce qu'est l'art, ce
qui le constitue et le distingue de toute autre activité humaine, même si l'écrivain emprunte là encore le masque animal qu'il affectionne. Un masque parmi les plus modestes, celui des souris : peuple grouillant dans l'ombre, travaillant sans cesse, menacé de toute part et qui, de ce fait, à peine né, ignore la jeunesse. Un peuple à la fois puéril et précocement vieux.

Kafka, l'art et l'animal
L'animal insolite
Joséphine appartient au formidable bestiaire propre à l’oeuvre de Kafka. Elle se présente comme dompteuse d'une vaste ménagerie. Souris, rats, taupes, chiens, singes pensent, parlent, chantent, souffrent, sourient et s’imposent à nous, tant ils nous ressemblent !
Les animaux auxquels nous faisons référence sont l'image et la réalisation d’une altérité radicale ; ils extériorisent un symptôme interne.
Joséphine représente le passage entre l’animalité et l’humanité ; c’est en quelque sorte un assaut aux limites.
Le familier, le connu, la normalité disparaissent et font place à quelque chose d’insolite, à une atmosphère surréaliste.
Cette inversion entre bestialité et humanité, Joséphine la réalise en toute naïveté.

Joséphine, la voix et la musique.
La voix de Joséphine est multiple. Elle va du pur sifflement au couinement en passant par un simple fond sonore. Du petit air qu’elle fredonne en faisant diverses actions, Joséphine finit par aboutir aux chansons populaires ou comptines d’enfants, à la musique pop ou lyrique.
La musique de Joséphine est performance chantée, dans laquelle le faux, le juste ou l’interprétation prennent un tout autre sens que celui des règles musicales habituelles.
La forme de théâtre musical nous permet de poursuivre notre recherche sur les façons dont s'articulent
et se mêlent le langage parlé et chanté.
Dans la nouvelle de Kafka, le langage de Joséphine et de son peuple est à mi-chemin entre un langage organisé, formé et un langage fait de couinements qui échappent à toute signification. La voix de Joséphine, son chant, son timbre, ses intentions et la production d'onomatopées
forment une symphonie de symptômes.
Le chant est accompagné d’un piano et d’une composition électronique qui amplifie, multiplie les phonèmes et les couinements de la cantatrice. Ainsi s'ouvrent divers registres entre le chant et la parole, au-delà de nos traditions musicales. Le chant de Joséphine se construit dans le rapport entre le public et la situation sur scène. A ce moment précis !

Une esthétique de cabaret pouilleux
Kafka est connu pour ses univers spécifiques issus du cirque, du théâtre populaire juif et du music hall. Il adorait ces endroits lugubres où de misérables petites troupes de théâtre refaisaient le monde avec
des bouts de ficelle, dans un mélange de grandiose et de pauvreté.
La scénographie évoque aussi bien un chapiteau de cirque, un cabaret ou encore un grenier dans lequel
temps et objets se superposent.
Joséphine et son pianiste font penser à ces couples de bouffons parasites, lubriques, menteurs et malfaisants qu'évoque Kafka un peu partout autour de ses héros.
Les bouffons de Kafka semblent issus des clowns du théâtre populaire juif.
Joséphine cantatrice du peuple des souris est un hommage à cet esprit cruel des bas-fonds.

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