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SPECTACLE

La manducation de la Parole

La Manducation de la parole *

Le SAT travaille depuis 2002 avec un groupe d’acteurs sur « la dramaturgie de la parole», la voix et le langage. Un chemin d’exploration sur la parole parlée et chantée au théâtre, sur les intonations et le rythme des mots comme porteurs de sens.

Le point de départ de notre recherche est plus qu’une hypothèse : l’oralité, c’est le corps dans les mots. C’est la scène du théâtre qui devient l’endroit pour donner une  la place aux mots, aux sons, leur trouver un espace, un corps. Nous cherchons à ce que les acteurs deviennent les instruments d’un texte, la partition d’une musique qu’on leur fait jouer.

Notre champ de recherche, c’est l’intonation, les accents dynamiques, la mélodie et le rythme, éléments qui ont tous une incidence  dans l’attitude corporelle.C’est un travail avec le langage en cherchant la matérialité de la parole afin de la triturer et la malaxer, pour  que les  mots s’étendent, se détendent, se déforment et se jouent de nous dans le corps et dans l’espace pour peu à peu devenir image et musique. Nous chercherons ensemble les sonorités qui correspondent à un moment d’effervescence du texte, un scherzo, les moments atoniques ou de paroxysme. C’est une parole errante, solide qui entre en collusion avec les choses et les corps.

Ce travail se développe à partir de 2010 en étroite collaboration avec le compositeur Bruno De Franceschi.

Il y a eu le travail sur Heiner Müller. Quartett, Horace, Hamlet Machine, Titus Fall of Rome mais aussi d'autres textes ont servi de matériau pour approfondir notre recherche sur la théâtralité de la parole.

Puis, nous nous sommes concentrés sur des textes de Valère Novarina comme Le Repas  et l’Origine Rouge. Dans les textes de Novarina il y a une grande dimension musicale et ces écrits nous ont permis d’explorer toute une série de virtualités sonores, visuelles, sémantiques et rythmiques de la parole. Du presque chanté, aux marges du chant, à la syncope, à la chute de la parole dans le chant, bref toutes les possibilités de la voix. Avec Valère Novarina, que de flux poétiques versés, répandus, proférés par une pluralité de voix !
La langue de Valère Novarina est pulsionnelle, jubilatoire. A l'instar de Rabelais et Jarry, il lutte contre « les paroles gelées», contre la langue sclérosée de la communication de tous les jours.
Valère Novarina m’intéresse, car il interroge les ciments du théâtre traditionnel. Il est irrévérent, même transgressif, vis-à-vis de la dramaturgie traditionnelle : pas de fable linéaire, ses pièces n'obéissent à aucune progression dramatique.
«…  il y a quelque chose comme la volonté d'enlever le théâtre au roman et de le rendre à la poésie, de l'arracher aux arguments et de le rendre à la danse … et peut-être de parvenir à la vivacité du ballet sans argument, au drame pur de l'espace… » Valère Novarina dans  La Parole opère l’espace, propos recueillis par Gilles Costaz, extrait 2001

Dans ce travail sur la parole, un auteur comme Novarina, nous a permis d’aborder le travail sur l’acteur comme un passeur de mots. Une bouche d'où sort la parole. « Faut des acteurs d'intensité, pas des acteurs d'intention »  écrit-il dans La lettre aux acteurs. Pas d’incarnation d'un personnage dans un corps mais au contraire la nécessité pour l'acteur d'effectuer en entrant sur scène « une sortie de l’homme ». Le corps de l'acteur est à la fois convoqué car il est nécessaire à l'expression pulsionnelle de la parole et en même temps nié. L'acteur au sommet de son art, dit Novarina, est une marionnette qui tire ses propres fils.
Pour lui, l’acteur fait l'offrande de son propre corps et c'est à ce prix qu'il peut parler de l'homme au-delà de toutes les représentations convenues ; exposé devant nous, l'homme ouvert, en fragment, retourné comme une peau de bête, « en anatomie ouverte et grammaire apparente » sans « le pâteux de la psychologie. »

Plus récemment, le travail sur la parole et le langage s'est poursuivi avec les textes de Howard Barker. La recherche s’est déplacée vers le rythme qui n’est pas au-dessus du sens, il le constitue. Barker nous a donné la possibilité de scander le texte de multiples façons.
Je pense que le théâtre de Barker a une grande connotation philosophique et morale, que ce n’est que par certains abords un théâtre d’idées et donc il ne s'agit donc pas de jouer le texte, mais de jouer avec le texte !

Si nous considérons le théâtre comme un art, l’art de l’acteur, l’acteur alors sur scène doit avoir un comportement et une manière de parler qui n’a rien a voir avec la quotidienneté. Le naturalisme comme esthétique ne m’intéresse pas. L’interprétation d’un texte sur scène non plus. Je cherche la composition d’une structure qui soit faite des sons, mots, rythmes, images, actions, le tout en cherchant une vérité scénique qui ne ressemble pas à une réalité préexistante. En paraphrasant Brecht, au théâtre le contenu est responsable d’une forme.

Probablement qu’une des origines du théâtre se trouve dans l’art de l’oratoire, la rhétorique telle qu’elle était utilisée par le théâtre latin de l’époque de Sénèque. Je crois qu’on doit réinventer avec les acteurs une manière de parler où le langage devient une action pour convaincre, pour con-movere, que la parole soit une impulsion vitale, une énergie et non simplement un élément de communication.
Je rejoins Howard Barker quand il affirme qu’il part du principe que ce n’est pas la parole du comédien qui est performative, mais sa voix.
C’est autour de cette affirmation que s’articule une grande partie de ma recherche vocale, du travail sur le texte, sur sa texture et ses sonorités, de ces dernières années.

* Cette expression appartient à l’œuvre de Marcel Jousse – L’anthropologie du geste I, La manducation de la parole (L’anthropologie du geste II, 1975, 297 p.), et Le parlant, la parole et le souffle (L’anthropologie du geste III, 1978, 329 p.), parue aux éditions Gallimard.

Marcel Jousse, c’est un jésuite chercheur.  Il est l'initiateur d'une anthropologie du geste, où il étudie le rapport du geste avec les mécanismes de la connaissance, de la mémoire et de l'expression. Sa recherche est élaborée à partir de l'étude des milieux d'oralité (qu'il qualifie de milieux de style oral).

Gabriel Alvarez (2015)

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