SPECTACLE
Les Bacchantes, une nuit de folie ordinaire
Ça bosse au Galpon …sans fin …
Une Nuit de notre Folie Ordinaire, les Bacchantes et leur dieu du théâtre : Dionysos … Nous vivons et répétons les Bacchantes création libre dans le paradoxe de la relation constitutive du théâtre : le JE-TU. Un je-tu entre l’acteur et lui-même l’actrice et elle-même, entre les acteurs et le metteur en scène, mais en étant conscient que l’aboutissement ultime de cette relation entre les artistes et les spectateurs ne sera pas possible ... pour le moment !
Nous voilà donc assiégés par une réalité, qui devient un masque grotesque couvrant un réel, celui d’un régime économique, qui depuis des années se serait passé du théâtre, des arts vivants, de la santé …
Nous continuons à répéter afin de défendre une idée du théâtre, une manière de vivre le métier où l'acteur, l’actrice ne joue aucun rôle, ne crée aucun personnage, ni ne l'imite, où il/elle reste avant tout soi-même.
Nous sommes tous chargés d’un bagage fascinant rempli avec nos prédispositions et nos destinations.
Nous avons créé les Bacchantes, avec un engagement total adressé à une salle vide. Quel paradoxe. Une création permettant à chaque actrice/acteur d’abandonner son rôle afin de le confondre avec un flux libre, omniprésent et continu, celui fait de la matière scénique.
Voilà au moins une certitude dans ces temps incertains : créer une zone libre à l’intérieur de l’art de l’acteur afin qu’elle nous permettre d’être profondément humain !
Un « théâtre autonome », afin de s’abstraire des toutes ces manifestations de la vie quotidienne, celles qui constituent la « pâte » de notre vie de tous les jours, et qui paradoxalement nous enlèvent toute autonomie artistique, celle qui nous permet de développer l’esprit d’équipe, former des liens invisibles entre les acteurs, créer une interdépendance intérieure rendant ainsi possible la manifestation des potentialités de chacun/chacune et répondant à un besoin intérieur impérieux…
Les possibilités sont infinies. Et l’impossible devient un pont. C’est mon sentiment personnel.
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Aujourd’hui plus que jamais, dans « l'effondrement » d’une société consumériste, qui pousse les artistes de plus en plus au fonctionnariat, pour pouvoir manger, une société où les artistes perdent tous les jours, les uns après les autres, le peu de droits qu’ils ont obtenus. Nous voyons que si nous nous laissons assimiler par cette société nous allons inexorablement vers la surdité artistique, vers l'indifférence et le conformisme.
Cette nouvelle ère qui est en train d’émerger, l’ère de la COVID 19, va accélérer, avec la contribution de ses acolytes de l'information ou désinformations de masse, l'assimilation et la récupération de l'artiste et de son art par la société cannibale de la consommation. Nous sommes en train d’être désarmés, appauvris, réduits au silence, ce qui pour un artiste équivaut à la disparition de son existence artistique.
Demandons-nous alors comment garder, si elle existe encore, notre capacité de résistance, si importante afin de préserver nos ressources créatives, notre indépendance, qui nous permets de prendre une distance avec la réalité afin de pouvoir en parler.
Avant que nous soyons brisés, il faut sans perdre du temps mettre à plat tout le système qui s’attaque à nos métiers : les conditions de production, distribution, création, etc. Demander, proposer, exiger, une réforme en profondeur du système du chômage, ce système humiliant pour les artistes.
Mais nous devons aussi commencer à désobéir à toutes ces convenances et normes qui régissent le soi-disant bien-être dans la société néolibéral.
Pour nous gens du théâtre, il faut renverser cette période d'isolement social, en continuant à proposer des formes autonomes de l’action scénique.
Gabriel Alvarez
