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SPECTACLE

Don Quichotte et les moulins à vent…

Don Quichotte et les moulins à vent…

Le Théâtre… à la recherche du public.

Je suis convaincu, et encore plus en ces temps de crise sanitaire qu’il faut non seulement jeter un regard critique sur le monde qui nous entoure et nous étouffe, mais aussi sur la réaction des diverses « familles » des arts scéniques à Genève dans un tel contexte.

Faisons un détour pour parler rapidement de ce vieux débat qui prend le théâtre en étau : « la performance » vs « le textuel », parce que je pense qu’il aide à élucider cette angoisse qui monte et s’installe sur comment nous nous y prenons pour aller vers le public.
Les « performeurs », si nous remontons dans le temps, nous les trouvions déjà assez développés dans l'arène romaine, dans le cirque romain avec ses gladiateurs et ses scènes multiples regardées par les « barbares » de l’époque. C’est un monde multiforme et foisonnant d’images qui la plupart du temps s’en passe de la représentation d’une illusion, des personnages afin de mettre en avant le MOI de ce qui font la « performance ».
Les « textuels » choisissent d’une certaine manière leurs racines dans le "dire" grec, la tragédie, où la parole et son incantation prennent le dessus sur l’image.
Mais si les composants d'un tel étau sont plus au moins clairs, toutes les déclinaisons qui peuvent exister entre ces deux courants sont diverses et complexes et il faut les préserver malgré la tentative de simplification au moment que les experts jugent, les journalistes critiquent et les bailleurs des fonds soutiennent.

Il est bon de ne pas oublier que les pratiques théâtrales sont nombreuses et complexes et tant mieux si c’est ainsi, car l’acte théâtral existe pour parler de la complexité de la vie.
Il y a, me semble-t-il, un parfum de scandale et beaucoup d’idées reçues sur ce travail théâtral qui a comme socle pour sa construction un processus de longue haleine indépendamment du résultat final, le face à face avec les spectateurs.
Ce type de démarche est très vite mis en opposition avec un théâtre dit de « divertissement » qui ferait plus facilement recette…par exemple, on nous dit via les médias que plus le théâtre est imbriqué dans les méandres de sa fabrication plus il s’éloigne du public. Et voilà proféré le gros mot, l’enjeu de toutes les convoitises : le Public !
Parlons-en, car ce mot enferme tellement de malentendus et de confusions d’où peuvent naître de grandes envolées démagogiques et comme nous le voyons des stratégies pour « soutenir » les artistes.

Le Public !
Comment allons-nous garder le public ? Comment allons-nous chercher le public ? L’élargir ? Garder le contact avec lui ? … Il suffit de voir les mesures de soutien mise en place par la Confédération et le Canton, où enfin, sous prétexte de crise sanitaire, le monde néo-libéral peut projeter sur nous tous ses fantasmes : nous transformer en entreprises culturelles (sic) ! Et nous donner des missions de cette envergure :
« … La reconquête du public/gain de nouveaux publics, modification de la programmation, introduction de nouveaux formats ; numérisation de manifestations ; modification des canaux de communication et des supports publicitaires ; offres spécifiques de médiation, renforcement de la participation culturelle ; mesures de fidélisation du public ; coopération avec d’autres institutions et/ou acteurs culturels afin de créer des réseaux d’acquisition de public ; introduction de nouvelles formes de diffusion ; changements dans la formation des prix et la billetterie ; projets pilotes à des fins de recherche ou visant l’intégration de nouveaux segments de public … »
Voici donc comment nous devons nous transformer. Sûrement quand ils pensent au public ils sont en train de penser et fantasmer sur celui qui remplit les stades de football ou celui qui reste devant son poste de TV à consommer Netflix ou encore celui qui après avoir était confiné pendant 8h dans des bureaux, pardon, pendant des mois dans sa maison, sortira en courant pour remplir à nouveau les salles de théâtres.
Et je constate que face à de tels fantasmes, le milieu culturel genevois réagit peu. Je ne crois pas que c’est en endossant les habits des conquistadors de public ou en nous « transformant » en entreprises culturelles, que nous allons nous en sortir. Au contraire, nous allons nous enfoncer dans une spirale souhaitée par l’idéologie néolibérale, celle de la bureaucratisation à souhait, celle du numérique, celle de la médiation culturelle, bref l’uberisation de notre activité artistique.
Il faut choisir : ou aller à la conquête du public proclamant « À défaut de venir à nous, nous venons à vous. » et peu importe si c’est via streaming ou autres supports numériques ou nous transformer en Don Quichottes pour aller défoncer tous ces moulins à vent qui nous sont promis comme salue !

il faut quand même prendre le temps et se poser la question de la signification de ce mot. De quoi le Public est-il le nom ? Quand on dit public, on pense à celui qui raffole des reality show ou celui des fêtes populaires ou tout simplement à une masse de consommateurs… Savent-ils, nos chers sages de la Confédération, que les réactions devant une création théâtrale sont riches et variées, étant donné qu’il y a autant de perceptions que d’individus dans la salle. Parler donc de public comme il le font, c’est une illusion induite par des marketeurs qui ignorent tout sur la relation entre des acteur.ices et les spectateurs.
Nous savons qu’il ne faut pas seulement un espace, mais du temps pour entendre, voir, observer et découvrir une scène théâtrale et qu’elle n’est pas habitée par la compulsion d’un public à tout prix.

Nous pensons le public comme un sujet actif auquel est adressé une invitation à habiter le temps. Ce temps est une des qualités de l’acte théâtral. Il faut du temps afin que la rencontre directe, je dirais même l’intime entre la scène et la salle puisse se réaliser.
Nous pensons au temps qui est nécessaire pour préparer, produire, construire une telle relation. Les artistes ont aussi besoin de temps afin que la rencontre soit possible.
Ce temps de répétition, de préparation est de plus en plus réduit en miettes, précarisant ainsi encore plus les artistes. Mais personne, aucun lieu que je sache, aucune faîtière, ne revendique plus du temps et donc plus d’argent pour le travail.
Non, allons-y au numérique ou par le numérique ! Transformons-nous en petites entreprises ou au mieux en bureaucrates afin de remplir sans fin des formulaires. Mais surtout ne demandons pas plus de temps de recherche, plus de temps pour travailler, ou plus de temps pour apprendre. Non, nous savons tout sur notre art … nous avons seulement besoin du public ! !

L’acte théâtral en général est une quête et de ce fait il ne rime pas bien avec les normes de l’offre et de la demande. Parler de l’art de l’acteur, du théâtre comme un processus qui ne cherche pas le consensus est incompréhensible pour les bailleurs de fonds, mais il faudrait se demander si c’est aussi incompréhensible pour beaucoup d’artistes. Chercher à tout prix que la création théâtrale s’affirme comme une marchandise qui entre dans la circulation des  « objets culturels », dans l’offre et la demande et donc dans une recherche effrénée des consommateurs, de mon point de vue, c’est aller vers le suicide.
Donc ne nous laissons pas transformer en vipères et scorpions, devenant sourds et aveugles, défendons notre essence d’artistes : la rencontre et la relation directes entre deux êtres.

Gabriel Alvarez

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