STUDIO D’ACTION THÉÂTRALE

Où se situe le travail théâtral du Studio d’Action Théâtrale ?

Où se situe le travail théâtral du Studio d’Action Théâtrale ?

Comme prémisse générale, nous pouvons dire dans une lutte permanente afin de « donner du temps au temps ». Puisque nous savons que le temps ouvre la possibilité d’une connaissance réciproque entre les personnes qui travaillent ensemble, qu’il permet la possibilité d’établir des relations où l’intime puisse se manifester, où le cheminement de chacun et chacune puisse aller du plus simple vers le plus complexe.

Nous donnons aussi une grande importance à qu’il y ait un espace d'expérimentation au sein de nos créations. Chercher, encore et toujours, comment la parole peut surgir de l’action action physique. Et dans l’autre sens, comment trouver la plus grande précision possible, tant du sens comme de la sonorité dans la construction et l’émission de la parole, de la phrase. Bref, une recherche, un travail, afin de dénuder sa propre voix.
C’est dans le corps singulier de l’actrice et de l’acteur qui se situe notre travail.  Nous nous intéressons à ses limites, disons-le, à opérer un sort de renversement entre l’extérieur et l’intérieur, un renversement en cherchant à brouilleur les frontières du corps. Qu’il devient tantôt symbolique, métaphorique. Retourner la peau afin de donner à voir, et surtout à entendre, ce qui habituellement nous est caché.

Nous avons une approche organique du corps et nous cherchons à développer une conscience aiguë du corps de dedans. Dans la perspective de la recherche d’un corps-limite, sans dedans ni dehors, mais remplies des plis, nous ne nous intéressons pas à la catégorisation, à l’identification, même pas au genre puisque ce que nous voulons ce que toutes ces frontières corporelles, déterminés par les conventions sociales, tombent. Les personnages donc peuvent passer du genre masculin au genre féminin ou vis versa.
Il s’agit d’un travail de « destruction » ou de déconstruction, avec les mots de Novarina, être acteur.ice « c’est pas aimer paraître, c’est aimer énormément disparaître ».

Oui, nous assumons ce type de paradoxe :  pour être présent sur scène l’acteur.ice doit disparaître comme représentation, comme figure ou personnage. Dans notre travail, les personnages, les figures, sont des moyens, c’est une manière « d’exténuer » ce corps sociale, neutre ou vide, qui est un personnage, afin de trouver ou retrouver un autre corps.
C’est un travail où la parole, mieux la voix, a une fonction déterminante.  Si nous considérons la matérialité des mots, leur souffle et nous ne les considérons pas seulement comme émanation d’un sujet psychologique, nous pouvons alors nous interroger sur l’incarnation ou pas dans un personnage, sur cette étrangeté d’être dans un corps-personnage au regard des autres. Dans ce sens le corps est synonyme de leurre, de mensonge ou même de danger, mais que la voix peut et doit dénuder.

Et dans l’autre sens, celui de la recherche d’une présence,  le corps devient, redevient, passage entre deux mondes, celui de l’apparaître, « mécanique », de la vie de tous les jours et celui oublié d’un soi à retrouver.
Gabriel Alvarez